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mardi 9 mars 2010

Architecture société durable

Bonjour,

Certains étudiants travaille avec des arguments de durabilité ou d'écologie.
Ils sont invités évidemment à fonder leur propos.
Le cours de Bernard Deprez existe et est particulièrement riche.
J'ai également fait un résumé de quelques lectures, dont celle du syllabus de Bernard Deprez.
Je vous le met ci-dessous.

Bien à vous.

Marc Mawet


Urbanisme et Architecture pour une société durable

 

Il faut peut-être tout d’abord proposer de ne pas utiliser les noms de « urbanisme durable » ou « architecture durable ». L’urbanisme et l’architecture sont.

Ils sont corrélatifs et leur évaluation est toujours relative.

De ce point de vue, il serait dès lors plus approprié de parler d’urbanisme et d’architecture pour une société durable.

 

On peut attendre d’un urbanisme et d’une architecture pour une société durable que son adéquation, voire sa performance, soit référentielle à du « long terme » plutôt qu’aux bénéfices qu’il ou elle pourrait apporter à court terme.

 

La pensée durable ne se limite pas à une pensée technique mais est une conception qui réfère à des valeurs symboliques.

Elle prend en charge la « protection des ressources de la planète, définies comme des fractions égales de l’équité sociale, du développement économique et de la responsabilité environnementale. » (Donald Watson)

 

Tout urbanisme, toute architecture est située, dans l'espace et dans le temps. Ces disciplines sont donc par essence « environnementales » puisqu'elles tissent des liens, trouvent des ressorts dans leur environnement, environnement entendu dans un sens élargi: politique, sociétal, économique, physique etc.

L'urbanisme et l'architecture pourrait en ce sens être entendus comme des relations.

Et les pensées sur l’urbanisme et sur l’architecture comme des « pensées complexes ». La pensée complexe s’oppose à la tradition occidentale de la « pensée fragmentée et juxtaposée » de Descartes. Elle serait une pensée des relations, des couplages, une « pensée systémique » c’est-à-dire une approche de l’objet en relation.

 

Faire du projet durable, c’est au minimum identifier ces éléments qui « font système » avec le projet, et c’est positionner le projet en faisant système avec eux pour le bénéfice du projet et du système à son échelle la plus grande.

 

On pourrait alors partir du principe, comme l’a défendu Edward Larrabee Barnes, qu’un urbanisme ou une architecture qui serait corrélative à son environnement pourrait tendre à une relation de dialogue harmonieux avec cet environnement, pourrait en être une forme de continuité.

Cette continuité pourrait être entendue suivant trois aspects distincts et complémentaires.

D'un point de vue physique évidemment, si l'on accorde une attention aux relations qu'un urbanisme et une architecture instruisent avec un environnement géographique, avec une typologie territoriale déterminés.

D'un point de vue social également dès lors que l'on considère que les individus sont les fragments d'un grand ensemble dont il est souhaitable de construire les conditions communautaires.

D'un point de vue temporel enfin, si l'on concède que nos actes s'inscrivent dans un processus qui échappe aux strictes contingences du moment.

 

On pourrait ainsi affirmer qu'un urbanisme ou une architecture pour une société durable devrait être hypercontextuelle, si l’on intègre le fait que cette hypercontextualité complémente sa spécificité physique d'une nécessaire flexibilité et évolutivité permettant d'absorber les impermanents sociaux, économiques, culturels etc.

 

Car le projet fait système avec des réalités matérielles mais aussi avec des réalités immatérielles c'est-à-dire lié à la dimension d’être parlant : valeurs, usages, représentations, qui appartiennent à la sphère du symbolique.

 

Il est légitime ainsi de concevoir que l’auteur de projet est sommé de trouver sa position, de prendre position, le minimum étant pour lui d’assumer sa place et son rôle, voire de revendiquer et d’assumer un rôle qui puisse tirer la « situation » dans une direction nouvelle, non pas au bénéfice du projet mais au bénéfice de la situation.

 

Car c’est l’interprétation qui fait système : elle assigne des causes, des relations, relève des cohérences…une forme de modélisation du réel.

 

Comme le soulignent Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal: « une société est contextuellement adaptée et inadaptée, bonne et mauvaise, brillante et terne, pour qui l’analyse et la partage. Elle laisse indéfiniment des situations inachevées. La durabilité d’un système tient à sa capacité à évoluer, à se transformer. (…) » Et de rajouter: « Qu’est-ce donc qu’une société durable ? Quel intérêt cette société aurait-elle à durer si, par malchance, elle n’était ni bonne ni généreuse, ni ne délaissait les systèmes pour s’attacher aux hommes ? », amenant la condition qualitative sur la table des négociations.

 

Un urbanisme ou une architecture durable doivent obligatoirement être porteurs d’une meilleure qualité de vie, d’une plus grande générosité, doivent permettre plus que ce que la simple performance énergétique ou les rationalités fonctionnelles et constructives.

Dit encore plus simplement, une ville ou une architecture durable sont avant tout une ville ou une architecture où l’on a envie de vivre et de rester. Durablement.

Et la technique ne saurait y suffire.

La ville durable n’est pas une formule mathématique dont le résultat tiendrait dans l'addition juxtaposée de performances, de certifications et de labellisations écologiques.

La ville et l'architecture durable vont au-delà de la posture caricaturale de quartiers « modèles ». Un projet durable est plus que quelques techniques ajoutées.

 

La société durable n'est pas une société productiviste, elle a d'autres ambitions politiques et culturelles.

 

Franck Boutté, ingénieur, architecte et consultant HQE français, identifie dans les conditions suivantes les questions liées à la durabilité:

 

- URBANITE

- IMPLANTATION

- MORPHOLOGIE

- MATERIALITE

- SPATIALITE

- SYSTEMES

- PERFORMANCES

 

Être durable en ville, c'est peut-être essentiellement travailler sur la complémentarité. Se nourrir de l'intensité et de l'attractivité existante, du « déjà-là » et lui apporter de la valeur ajoutée en terme d'aménité et de qualité d'usages. Une société durable est une société du partage où chacun devrait connaître les conditions de son épanouissement, se voir attribuer la possibilité et l'obligation de sa responsabilisation et d'une responsabilité partagée.

Ce partage devrait trouver à s'incarner dans l'espace urbain et architectural, revisitant la définition des limites, tant physiques que de compétences, entre l'existant et le nouveau mais aussi à l'intérieur même des nouvelles initiatives.

Frank Boutté, une fois encore, insiste sur la nécessité pour le projet de « valoriser au mieux les qualités du contexte et d'enrichir en retour son environnement » dans des explorations circonstanciées, « la construction du cadre de vie bâti relevant davantage d’un opportunisme de situations » que d'applications génériques avérées.

 

Un projet est à la fois singulier (porteur de sa différence, de son désir d’architecture), universel (soumis aux lois naturelles dictées par l’environnement) et particulier (participant à un contexte socio-historique donné).

 

Le rôle de l’auteur de projet est justement d’assumer sa position d’arbitre dans un rôle de lecteur, de conceptualisateur et de formalisateur.

 

 

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